[Ménaché, Lieux d’être]
«Bribes de rêves éveillés, notations brèves, à l’aigre-doux, de la veine fluide des Papiers collés de Perros, clins d’œil érotiques avec ou sans voile… Miettes de vie à livre ouvert. Contemplatif, Hervé Bougel ? Plutôt voyeur fraternel qui observe, décrypte, commente, tranfigure…»

[France bleu Isère]
« Au fil des jours et des saisons, celui que certains ont dénommé le regardeur est assis à sa fenêtre à l'affût d'une émotion, une émotion qui prend sa source dans un événement ordinaire mais ces fadaises ne sont-elles pas précisément ce qui fait toute la saveur de la vie quand on sait s'y attarder. »

[Philippe Leuckx, revue-texture.fr]
« D’une fenêtre, quel beau surplomb sur la ville, ses rumeurs, ses clameurs, ses badauds, ses points de fuite, quelle manière ainsi de piéger la vie pour qu’elle rende un peu de sa vibration, de ses saisons, de la vie, tout court. Le projet se dessine : regarder ne serait-ce pas la meilleure des écritures, puisqu’à forcer ainsi la réalité, elle finira bien par se retrouver dans les mots, dans ces notations de palpitante certitude sous les yeux du poète ? […] Ces brèves de l’appui de fenêtre ont un charme fou, évocateur des mille et une facettes dérisoires ou denses de la vie, et le poète a le sens des formules brèves, la dextérité de la langue pour dire parfois l’insignifiance porteuse des mondes : Rien de moins neuf que le temps… Des lampes cognent les murs. Le ciel d’automne est bleu comme un ange attrapé. L’hyperréalisme des descriptions parfois confère à l’ensemble une épaisseur, celle de nos vies, celle du temps qui glisse sous les fenêtres, celles des immeubles que l’on habite, avec le regard pour en garder traces. Le livre d’un réel fugace, restitué par petites touches légères, impressionnistes. »

[note de lecture revue Verso]
« Comme ça, ça a l'air simple : chaque jour, aller à la fenêtre, noter un truc vu ou entendu, un seul. Le truc justement, c'est de noter le bon truc, c'est d'avoir l’œil. Trouver ce qui va faire écho (en rigolo, en mélancolique, en saugrenu…) comme un caillou jeté dessine sur l'eau des cerdes concentriques de plus en plus larges : 2 août “Juché sur un vélo aux roues minuscules, un enfant au crâne rasé s'enfuit. Sa chemise bleue résiste au ciel.” Et pour ça Bougel, il a l’œil et la patte pour le dire. »

[Jean-Louis Roux, « Vigie Pirate », Les affiches]
« Les pigeons qui picorent, la jeune fille qui se hâte, les voisins qui s’épient, un volet qui claque, une fenêtre fermée, les chats qui passent et les chiens qui pissent, les orages d’été et les soleils d’hiver, “la ferveur des feuilles” au printemps et un parfum de bois coupé aux primes heures du matin : chaque chose vue fait cloquer le réel, le décolle à demi de la muraille grise du néant promis. Bougel toise l’impassibilité des nuages, tance “novembre et son cœur pourri”, considère le cours du caniveau, relève une plaque minéralogique à toutes fins inutiles, prend note de la première neige d’automne sur Belledonne et s’interroge gravement : “Jusqu’où ça va tenir, les dents du ciel, la somme des toits, le bain d’acide de la nuit ?” Le regard tourné vers l’extérieur du monde aux beaux jours, et vers l’intérieur de soi aux jours mauvais, il ouvre son exercice de vigilance domestique et de voisinage attentif aux regards qui se croisent et s’évitent, aux gestes machinaux, aux hasards favorables, aux mystères bénins, aux attentes non comblées, à la lassitude et à la vivacité. »