[Nathalie Barrié, Nouvelle Donne, nov. 2018]
« Une écriture d’une beauté insolite que ces courtes nouvelles de Jean-Pierre Rochat, qui sont autant de billets d’humeur d’où se dégage une puissante poésie liée à l’expérience de la nature vécue au plus près, de l’intérieur, dès l’enfance par l’auteur, à ce jour éleveur de chevaux dans le canton de Berne. Mais ce ne serait pas lui rendre justice que de le « cantonner » au domaine bucolique, car cet irréductible au style vigoureux regarde les objets, les événements, les animaux et les humains en face, par‑delà les apparences, sans complaisance, avec une acuité qui frappe droit au but. […] Dès lors, les raccourcis d’écriture et les vraies fulgurances lui sont permis, avec la complicité émue du lecteur. La froidure, l’alternance des saisons ne font pas de cadeau, les alpages se méritent : l’écriture de Rochat nous fait toucher du doigt cette pratique assidue, à la fois amoureuse et sans illusions. Les illusions, en effet, il n’en a pas beaucoup sur les hommes, un peu plus, semble-t-il, sur les femmes, avec lesquelles il partage des étreintes fugaces, teintées de respect. »


[Yves Dutier, encres-vagabondes.com, 11/10/2018]
« Loin des mondanités littéraires, l'homme Jean-Pierre Rochat — et son œuvre — pourrait nous évoquer une certaine parenté avec l'œuvre de Jim Harrison : goût pour les grands espaces, thèmes qui sondent les paradoxes de l'existence, fantasmes et libido des personnages... Sauf que Jean-Pierre Rochat est un authentique paysan, un éleveur dans le Jura bernois qui sait traire les chèvres, qui sait faucher les prairies et utiliser le râteau-fane, qui sait atteler les chevaux et... qui sait écrire !
La clé des champs – Chroniques jurassiennes – est un recueil d'une trentaine de courtes chroniques écrites dans un style brut, épuré, presque "taiseux". Une écriture 'taiseuse' peut sembler paradoxale pour un écrivain, mais l'auteur réussit la prouesse en une ou deux pages de nous montrer par exemple la détresse d'un paysan (Mise aux enchères publiques) […] Ou bien encore le désarroi d'une personne atteinte de démence (Une vieille dame). […] Sans fioritures, sans épanchements, chacune des chroniques nous restitue l'univers singulier de l'auteur sur des thèmes bien différents (ses amitiés, ses rencontres parfois cocasses, ses fantasmes, son écriture...) La clé des champs a certes un parfum de terre, mais bien plus que cela, chacun des mots de Jean-Pierre Rochat recèle une profonde humanité. »

[Alain Kewes, Brèves n°113, déc. 2018]
« A priori, on a affaire à un nouveau recueil de l'auteur, avec sa gouaille “qui n'est pas sans rappeler le regretté Pirotte, ses anecdotes de berger suisse descendant quelquefois au bourg, voire à la ville […] son amour simple, inconditionnel, des femmes, de la bonne chère et du vin blanc, son goût des calembours, des bons mots, du détail qui tue, mettant en exergue l'absurdité du monde moderne et la beauté tranquille du paysage. […] Les récits sont brefs, s'apparentant plutôt à une chronique qu'à de vraies nouvelles […]. Mais il y a un ingrédient supplémentaire, qui apporte une note discrètement sombre, une amertume pas vraiment déplaisante, entêtante plutôt : on prend de l'âge, tout devient plus difficile, l'idée des dernières fois, des derniers feux s'insinue peu à peu […] Alors bien sûr, pas de sanglots grandiloquents, pas de ça dans les montagnes du Jura, mais une petite musique de la nature qui a toujours fait comme ça. »