En 2019, lors d'une visite à Paris, il m'est arrivé d'entendre sur la radio France-Inter la présentation du livre La plus précieuse des marchandises, de Jean-Claude Grumberg. Puis j'en ai à nouveau entendu parler, des amis discutaient beaucoup de ce nouveau livre, et je me suis précipitée dans une librairie pour l'acheter et je l'ai lu avec avidité, page après page, d'une seule traite.
Pendant longtemps la question juive ne m'inquiétait pas, je n'en savais donc pas grand-chose, à part lorsqu'un hasard m'y confrontait. La première occasion en fut la découverte du Journal d'Anne Franck, en français, que j'ai lu lorsque j'étais étudiante à la Faculté de littérature française de l'Université de Hué. La fois suivante ce fut lorsque que j'ai visité l'œuvre d'un sculpteur français exposée dans un parc en France, sous la forme d'un wagon d'un train transportant des juifs vers les camps de concentration. C'était une reconstitution grandeur nature si bien que l'on pouvait grimper pour voir les figures humaines qui s'y trouvaient, et après avoir repris mes esprits, je me suis trouvée face à une période sombre de l'histoire humaine. Puis, lors d'un voyage à Prague, capitale de la République tchèque, j'ai visité un espace commémoratif dans un cimetière juif. Dans ce batiment commémoratif, les noms des victimes juives étaient diffusés en continu à partir d'un magnétophone. Chaque nom, un par un, était lu et relu. Cet enregistrement m'a vraiment marquée, et m'a hantée pour toujours.
En 2002, j'ai vu Le Pianiste qui passait dans un cinéma parisien, un film sur un célèbre pianiste polonais, Wladyslaw Szpilman, enfermé dans un camp d'internement où il partage avec d'autres juifs la douleur, l'humiliation et les luttes courageuses. Puis il s'est enfui de là, se cachant dans les maisons en ruine de la ville. Un officier allemand, admiratif de son talent musical, l'a aidé et lui a permis de survivre. Le pianiste est une œuvre cinématographique majeure de Roman Polanski dans laquelle la musique de Chopin est interprétée par Wladyslaw Szpilman lui-même. Le film a reçu un Oscar un an plus tard, en 2003. Un autre film sur le même sujet, La vie est belle, a également reçu un Oscar. Ce film parle d'un Juif intelligent, talentueux, nommé Guido. Guido a conquis l'amour d'une belle femme. Ils ont ensemble un fils nommé Joshua. Leur vie semblait faite pour se dérouler simplement dans un cadre paisible, heureux, mais ils sont arrêtés et envoyés dans un camp de concentration... A travers le film, les téléspectateurs peuvent voir l'affection extrême de Guido, le père, pour son petit garçon. ainsi que les brûlures et l'amour sans bornes qu'il a pour sa femme. Le film décrit également les atrocités extrêmes commises par les nazis envers les juifs. Dès lors, j'ai commencé à vraiment mieux comprendre à quel point furent terrifiants, atroces, les massacres contre les Juifs pendant la Seconde guerre mondiale.
Et maintenant, dans ma main, le conte La plus précieuse des marchandises de Jean-Claude Grumberg sur ce même sujet, sur les Juifs, sur les camps de concentration... J'ai été prise par le charme de ce récit. A travers un style d'écriture inattendu, un récit secret atteint le lecteur. J'ai pensé que je devais traduire ce livre pour en offrir l'accès à ceux qui souhaitent être exposés à la littérature française moderne et, à travers cette évocation littéraire, les mettre à même de comprendre plus profondément les tragédies juives et les crimes nazis.
Pour mieux comprendre le contenu du livre, au cours de ma traduction, j'ai vu à plusieurs reprises Shoah, un documentaire français sur le massacre des Juifs par l'Allemagne nazie pendant la Seconde guerre mondiale, réalisé par Claude Lanzmann. Ce film de près de 10 heures, sorti en 1985, a été tourné entre 1976 et 1981. Le film est constitué par des rencontres avec des témoins survivants de la Shoah et est tourné sur le site du génocide. Il a reçu le César d'honneur en 1986.
L'auteur du livre, Jean-Claude Grumberg, né en 1939, est un dramaturge français contemporain. Ses pièces comptent parmi les œuvres les plus jouées au monde. Il est l'auteur de nombreuses pièces de théâtre et de nombreuses œuvres choisies par les écoles dans les programmes d'enseignement. En même temps, il est également co-auteur de plusieurs scénarios de fims réalisés par Costa-Gravas. Parmi les plus connus, le scénario du film Amen a remporté en 2003 le César de la catégorie du scénario. Quant à La plus précieuse des marchandises, le livre a reçu, rien qu'en 2019, l'année de sa publication, trois prix prestigieux.
Le livre raconte une histoire des temps modernes, mais est écrit sous la forme d'un conte de fées. C'est un conte de fées, mais pas seulement pour les enfants, c'est un conte pour tout le monde. C'est une histoire courte, dite avec des mots simples, mais qui porte un contenu énorme, sur une période d'histoire pleine de faits terribles. Il n'est pas besoin de mots fantaisistes, ni d'expressions compliquées, ces mots dans toute leur simplicité touchent profondément le lecteur.
Ce conte de fées, qui en respecte la forme caractéristique, comme Cendrillon, Blanche-Neige et les Sept Nains, Little Boy, ne parle jamais de l'hibiscus, des fées ou des étoiles... Il parle des camps de concentration et des souvenirs de la guerre. L'histoire raconte la situation particulière d'une famille juive exilée. Elle raconte l'histoire d'un couple enfermé avec ses jumeaux dans un train qui traverse la forêt jusqu'à un camp de concentration où ils vont mourir.
L'histoire contient de nombreux détails tristes et sombres, mais l'auteur dans une langue simple a mis en évidence l'amour vrai et la vitalité des gens malheureux. À côté des mots imprégnés de mort et de déception, les mots exprimant la foi et l'espoir ne manquent pas, images du printemps, du chant des oiseaux, des premiers tout petits gestes du bébé, les premiers appels de l'enfant au père, à la mère, les efforts extraordinaires des parents pour veiller à leurs enfants. Tout le monde dit que ces choses terribles et sombres ne pourront plus jamais se reproduire.
La chose la plus importante, la plus essentielle dans la vie est l'amour, l'amour pour les enfants, l'amour pour ses propres enfants et aussi pour les enfants des autres. C'est cet amour qui repousse le mal, la cruauté, la barbarie d'un moment sombre de l'histoire. C'est aussi le grand message et les souhaits que l'auteur veut nous apporter à travers cette histoire.
Je crois que si vous prenez quelques heures pour lire ce livre, c'est une décision que vous ne regretterez jamais.