Mireille Abramovici, Ne tirez pas ! Un extrait du livre
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ISBN 978-2-913904-64-4 | 14,5 × 21 cm | 116 p.

Fous d’amour, Mike et Nina pensent pouvoir échapper à l’Histoire, au poids de cet héritage qui leur colle à la peau.
Jeune Allemand, fils de Nazi, Mike fuit la demeure maternelle loin devant lui, « là où le nom de Franz Reinhardt ne dira rien à personne. »
Journaliste à Libé, gauchiste, fille de déportée, Nina refuse son étiquette de Juive de service, « Nina la juive. Nina Kiakowsky, le nom de mon père, un nom d’Israélite, voilà c’est dit. »
Un amour des années 1970 sous le vent de la révolte, dans le Nord de l’Allemagne, sur les plages désertes de Wijk aan Zee, à Lisbonne, à Paris. Nina, la Shoah-girl, et Mike, le fils de Nazi, se cherchent et se perdent, lui, fuyant la honte, elle, voulant savoir enfin qui elle est, voulant pardonner, mettre la douleur de côté.

« Entre elle et moi s’est engouffré le vent de la guerre. Moi, jeune Allemand, enfin pas si jeune que ça, me voilà de nouveau au pied du mur, Die Berliner Mauer. Demain, ce sera le marathon, j’aurai 78 ans. Depuis la chute du mur, le marathon réveille le bon peuple d’Allemagne. Moi, je marche, je sifflote The Wall, ma vieille mélodie. Sur son vélo, une jeune fille me dévisage, je n’arrive pas à fixer son regard. Sans cesse, je pense à Nina. J’imagine qu’elle va réapparaître, qu’elle va venir vers moi. Il m’a même semblé un instant que c’était elle, cette femme sur le vélo, cette femme qui passait. Dans mes songes, elle va comme un fantôme, vient à ma rencontre, un sourire, une caresse, un baiser. Sans un mot, elle repart si vite, si loin. Le rêve s’évanouit. Dans mon sac à souvenirs, tout est neuf, le temps se dissout, je reste le jeune homme de Recklinghausen, le bon, le mauvais de ma vie, je n’ai rien oublié.
Porte de Brandebourg, ce qui reste du mur de la honte est couvert de graffitis. J’aurais voulu écrire à la craie : chérie, sois tranquille, l’Allemagne sera jugée, je te le promets.
»